jeudi 16 octobre 2014

De l’inutilité d’être présent sans avoir rien à dire

Cela fait maintenant 2 mois que le quotidien La Libre Belgique a lancé son compte instagram(http://instagram.com/lalibre.be). Ayant constaté ce lancement, trois ans après l’apparition de ce réseau social (fail), et en pleine période de congé scolaire (re fail), j’ai voulu suivre l’évolution du compte Instagram de La Libre Belgique tant au niveau du contenu que de son audience. 


Essayons d’abord de répondre à la simplissime et évidente question que les rédacteurs se sont probablement posée (?) : à quoi peut bien servir un compte Instagram? Qui plus est, à quoi peut bien servir le compte Instagram d’un quotidien journalistique en Belgique francophone? Surtout si la signature de celui-ci est “Faisons vivre l’info"…

Quelques pistes: 
- Communiquer avec les lecteurs, car il s’agit avant tout d’un réseau social.
- Relayer l’information, notamment sur les réseaux en forte croissance, et non se contenter deFacebook.
- Compléter l’information, c’est à dire apporter une valeur ajoutée à une information qui ne saurait être placée sur l’article du site par exemple.
- Exploiter judicieusement l’image (et/ou la photographie) à une époque où l’immédiateté de l’information devient dominante.
- Atteindre un nouveau public, celui de la génération Y et autres natifs numériques qui passent bien plus de temps les yeux sur un écran de téléphone que sur un journal au format tabloïd.
- Divertir, tous comme le fait Sud Info, dont la qualité de contenu reste bien entendu très relative…
- Apporte un “insight” auprès des lecteurs : leur faire connaître l’équipe rédactionnelle, le quotidien d’un pigiste, les techniques de mise en page, le rebond éditorial suite à une actualité urgente, etc. Les exemples sont infinis.


Les politiques éditoriales de la presse francophone grand public ont bien entendu les mêmes contraintes que beaucoup d’autres : il faut trouver un juste équilibre entre rentabilité et contenu. Tout en gardant une “identité”.
Et nous sommes nombreux à savoir que depuis des années la balance entre les deux est gravement déréglée… Trop d’articles sont réduits à 2 paragraphes (souvent mals) copiés/collés d’une agence de presse,  parfois accompagné d’une affligeante vidéo pompée directement du journal télévisé

Dès lors, quel magnifique outil qu’un nouveau réseau social, une nouvelle fenêtre médiatique, branchée, simple d’utilisation et entièrement gratuite! Instagram est à notre disposition en quelques clics seulement.

Probablement créé suite à l’insistance d’un utilisateur ou d’une utilisatrice expérimenté(e) travaillant au sein même de la rédaction, le compte Instagram de La Libre Belgique voit le jour le 24 juillet 2014. Il faudra le faire connaître au monde entier (en tous cas le monde intéressé par l’actualité quelle qu’elle soit, et de préférence en français), et pour ce faire, quel autre moyen infallible qu’une bannière ‘bien en évidence’ sur la homepage du site?
Vous savez, ces bannières/boutons dont l’espace est vendu à prix d’or aux différents clients, monnayant cette visibilité dans un rapport proportionnel au nombre de clics/vues.

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Cela fait donc  deux mois que cette image trône sur la homepage de La Libre Belgique, entre le champ d’inscription à la Newsletter (un concept devenu presque caduque), le dessin du jour et une publicité.

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Et en deux mois, le constat est simple : il s’agit d’un échec cuisant, un coup dans l’eau, une occasion manquée.

Outre cette farce économique qu’est encore à ce jour la bannière internet, le nombre d’abonnés n’a pas à cette heure atteint la centaine, les posts ne récoltent que rarement plus de 10 ‘likes’, aucun échange, aucune interactivité.
Pire encore : rien ne se dégage de ce compte. Les quotidiens avaient par le passé (selon moi) une identité propre, une ligne, une image que les lecteurs pouvaient s’approprier. J’ai personnellement changé de quotidien belge francophone lorsque je n’étais plus en phase avec la ligne éditoriale il y a de cela une dizaine d’année. La mort dans l’âme j’ai résilié mon abonnement à Charlie Hebdo lorsque leurs analyses de certains sujets étaient (toujours selon moi) plus du niveau d’antan.

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Il ne s’agit pas d’incriminer la personne ‘responsable’ de ce compte Instagram, mais bien de critiquer ouvertement deux choses :
1. Ce compte est une présence anecdotique et ne répond pas vraiment aux quelques pistes évoquées plus haut. Il s’agit donc d’un compte Instagram parmi les millions d’autres sur ce réseau social, n’apportant rien, n’enrichissant nullement notre quotidien.
2. L’occasion manquée de rebondir, de garder la tête hors de l’eau dans un milieu étouffant sous les multiples contraintes journalistiques de notre époque. Je ne suis plus lecteur de La Libre depuis des années, et pourtant, j’aurais tellement aimé être abonné à une petite fenêtre numérique ouverte sur une liberté d’expression qui n’a plus sa place entre deux publicités d’une homepage…


Suggestions pour le compte Instagram de La Libre Belgique :
- Chaque matin, avant l’ouverture des librairies, postez une photo de la Une.
VALORISEZ les photographes que vous publiez. Citez leurs noms, publiez des photos qui n’ont pas eu leur place dans la version papier/online.
Interagissez avec vos lecteurs, surtout ceux qui survolent l’actualité quotidienne plutôt que de lire des articles en ligne.
- Utilisez le compte Instagram comme relais vers un complément d’information.

Il existe une myriade d’autres options pour exploiter au mieux un réseau social. La presse francophone a encore beaucoup à apprendre, et donc à exploiter. Histoire qu’ensemble, nousfassions vivre l’info…

http://instagram.com/davidcrunelle
www.davidcrunelle.com

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